Je m’inquiète du rouleau compresseur qui écrase notre commune

mitsch jf
rouleau compresseur

 

Les enquêtes publiques sont parfois bâclées. Des documents essentiels sont peu accessibles, voire absents.
Dans une réponse officielle récente, la commune a même admis ne pas avoir eu le temps matériel de lire toutes les remarques citoyennes reçues dans le cadre d’une enquête publique.
Quel signal envoie-t-on à celles et ceux qui prennent la peine de participer ?

Il y a bientôt deux ans, un projet officiellement présenté comme la création d’une « passe à poissons » cachait en réalité un projet aussi incompréhensible qu’inquiétant :
l’élargissement de la chaussée rue des Claines. Derrière cette justification écologique de façade, il s’agissait surtout de faciliter la circulation automobile,
au détriment d’un site naturel et patrimonial remarquable, avec la suppression d’une cascade historique et, potentiellement, l’accès à de nouvelles zones constructibles pour plusieurs logements.

Très vite, ce cas s’est révélé symptomatique d’une manière plus large de gouverner : des projets sortis de terre ou planifiés dans la plus grande discrétion, sans vision d’ensemble et sans participation citoyenne réelle.
C’est de cette situation qu’est née l’idée de créer un collectif, pour rassembler les compétences et les expertises de différentes associations et comités locaux.
Depuis, nous avons élargi notre vigilance : urbanisation, mobilité, biodiversité, patrimoine, cadre de vie… Nous avons informé, alerté, formulé des propositions et interpellé les élus.

J’ai moi-même porté une interpellation citoyenne au Conseil communal après les élections de 2024.
Vous pouvez la retrouver ici, accompagnée d’un texte de fond :
Hamme-Mille sacrifiée ? Les promoteurs dirigent-ils notre commune ?

Mais avec le recul, je suis profondément inquiet.
Inquiet de constater que malgré nos alertes, malgré la mobilisation citoyenne, malgré les dizaines de contributions constructives, le rouleau compresseur avance.

Lors du débat des élections communales à l’été 2024, la bourgmestre affirmait ne connaître « qu’un seul projet » contesté.
Quelques mois plus tard, il est évident qu’elle était parfaitement au courant de plusieurs projets et qu’elle a même facilité leur avancement.

Aujourd’hui, tous les projets que nous avions identifiés – même sans preuve officielle à l’époque – se réalisent.
Et ce qui est encore plus inquiétant : ils avancent sans cadre clair, sans vision d’ensemble, sans transparence.

Quelques exemples concrets :

  • Le nouveau magasin Lidl a été autorisé… sans qu’aucune connexion ne soit prévue avec le rond-point censé desservir la zone à proximité. La sortie du Lidl se trouve pourtant à seulement 50 mètres du futur rond-point.
  • L’implantation d’un Aldi est prévue sur l’ancien garage Cornélis, alors que ce type de commerce ne répond absolument pas à une demande locale. La concurrence déjà existante entre Lidl et Intermarché entraîne un taux de fréquentation insuffisant pour l’un des deux commerces. Une troisième grande surface n’est absolument pas justifiée vu l’abondance des offres entre Astroad, Wavre et Jodoigne.
  • Le carrefour actuel de Mille, équipé de feux tricolores, doit être remplacé par un rond-point, mais celui-ci nécessitera de nouveaux feux pour permettre aux piétons, cyclistes et personnes à mobilité réduite de traverser en sécurité.
  • Des permis sont octroyés sans adaptation préalable des infrastructures : bassins d’orage insuffisants, réseaux saturés, voiries dégradées. Les promoteurs ne sont pas contraints de financer ces adaptations : c’est la collectivité qui paiera.
  • Le marché public de la piscine n’a pas été réalisé en suivant les réglementations. Ce projet, intégré entre la piscine de Jodoigne (inaugurée en juin 2025) et celle prévue à Wavre… est-il vraiment nécessaire ?
  • En matière de logements accessibles pour les jeunes (aujourd’hui, le prix moyen dépasse les 320 000 €, inabordable pour un jeune ménage sans aide familiale).
  • En matière d’infrastructures pour nos aînés (la seule résidence-service prévue de 60 lits a été annulée, remplacée par des appartements standards).
  • La commune n’a jamais imposé de charges suffisantes pour renforcer son parc de logements publics. On peut légitimement se demander à qui profitent toutes ces « économies » faites sur le dos de l’intérêt général.

Plus que jamais, une planification rigoureuse et une révision en profondeur de la réglementation sont nécessaires pour répondre aux véritables besoins de la commune.

Néanmoins, la commune annonce qu’elle révisera ses plans et règlements… en 2029. Mais que restera-t-il à planifier si tout est déjà bétonné ?

Nous vivons une gestion à l’envers : on autorise d’abord, on réfléchit après. Et surtout, on écarte la population des décisions.

Heureusement, des évolutions régionales devraient bientôt obliger les communes à publier systématiquement les permis délivrés, ce qui facilitera l’accès à l’information et l’exercice des recours. Mais le chemin est encore long.

Face à cela, le collectif s’interroge. Les associations locales, chacune à leur niveau, réfléchissent à renforcer leurs moyens d’action.

Nous devons reconstruire une véritable culture du dialogue, de la participation, et de la transparence. Car c’est l’intérêt général qui est en jeu.

Il est encore temps de contenir la pression immobilière, de planifier intelligemment, de penser à l’avenir de notre commune.
Pas seulement à ses recettes fiscales immédiates.
Mais cela ne pourra se faire sans mobilisation massive, sans vigilance constante, sans participation active des habitants.

Je continuerai à m’engager dans ce sens.
Et j’en appelle à toutes celles et ceux qui partagent ces inquiétudes : restez attentifs, mobilisez-vous, faites entendre votre voix.

Mitsch JF

 

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